La Madone du Langenberg à Falck
Son histoire et sa légende


madone

A l'entrée de la forêt de la Houve à Falck se trouve l'aire de Saint Christophe dont la statue à été érigée en 1952 par le Vélo Club.

aire de St Christophe

Le chemin à sa droite s'étire en montée vers la Madone, et à cinquante mètres plus bas existe une reproduction d'une grotte de Lourdes réalisée par des mineurs.

grotte

      Depuis son érection en 1866, de nombreux articles de presse ont relaté l'histoire de « la Madone du Langenberg » ainsi que la légende qui s'y attache.


      Loin de nous l'idée de réécrire cette histoire! Notre démarche est simplement de vous présenter les faits qui semblent être à l'origine de cette légende à travers la personne la mieux placée pour en parler : l'Abbé François Wilhelm.


      Le point de départ de nos recherches est un article paru en langue allemande dans un journal régional daté du 1er septembre 1949 et dont l'auteur n'est autre que l'Abbé François Wilhelm fils du garde forestier (du même nom) qui était présent le jour où « la Madone » a été érigée à Falck au lieu dit Langenberg.

      Dans cet article, l'auteur commence par rendre hommage aux hommes de Falck qui, sous la direction du maire, Monsieur SCHNEIDER, et du curé, ont créé un cercle d'initiative pour l'aménagement des environs de « la Madone ».
Il cite également le dévouement des gardes forestiers et du club vosgien.

Il poursuit en précisant que la présence de « la Madone » est célébrée depuis un siècle et que depuis cette date, elle monte la garde dans la forêt de la Houve, malgré les nombreux évènements sociaux et politiques qu'elle a connus.

La Madone fut, en effet, le témoin de l'invasion allemande de 1870, puis elle vit partir enfants et parents munis de quelques bagages en 1939.

Il écrit que ce n'est pas seulement l'air pur de la forêt qui attire les croyants des villages de Guerting, Ham, Creutzwald, Hargarten et Merten mais surtout cette magnifique statue de « la Madone ».

Il note alors :

      « Plus d'un peut se demander comment une statue de Marie a atterri à cet endroit de la forêt...!
Eh bien moi, l'auteur de cet article, je peux répondre à cette question car la réponse me vient des récits de mon père qui a participé à l'érection de la statue il y a 83 ans ».

Il poursuit son récit en précisant que le couvent des rédemptoristes de Teterchen était un collège pour les futurs Pères qui faisaient chaque semaine une sortie à cet endroit de la forêt.

C'est à cette occasion qu'ils ont rencontré le conservateur de l'ONF de Thionville, Monsieur LOINTIER (qui d'ailleurs était un homme très pieux )! accompagné du garde forestier responsable du secteur de Guerting, François WILHELM (père de l'abbé du même nom).

Le Conservateur entame alors une longue conversation avec le Père Sigrist, recteur du Couvent de Teterchen, qui accompagnait les jeunes étudiants.

Ce dernier précisa qu'ils venaient assez souvent sur les lieux pour faire des prières mais que, malheureusement, il manquait une image de la Vierge à cet endroit pour motiver davantage leurs prières.
Le conservateur comprit clairement l'insinuation du recteur Sigrist et avec un petit sourire, il lui répondit qu'il était prêt à les aider.

« Je ferai ériger en ces lieux une statue de la Madone et votre souhait sera réalisé ».

      Monsieur LOINTIER, séduit par cette idée, commanda la statue à une société de Mettlach en Sarre et le dimanche 11 novembre 1866 eut lieu l'inauguration solennelle par le curé RISSE Jean de Creutzwald (l'emplacement de « la Madone » se trouvant sur le ban de cette commune).
Plus de 1800 fidèles ainsi qu'une trentaine de moines assistaient à la cérémonie.
L'homélie fut prononcée par le Père Sigrist, recteur du couvent de Teterchen.

      Depuis cette année 1866, les pèlerins de toute la région se retrouvent le lundi de pentecôte près de la Madone du Langenberg pour assister à une cérémonie religieuse où les prières sont reprises avec ferveur par l'ensemble des présents.

La statue en polychrome d'environ un mètre cinquante repose sur un socle de deux mètres de haut. A l'intérieur de ce dernier, une bouteille, avec les noms du conservateur, du garde forestier, du recteur du Couvent et des autres moines présents, a été déposée.

      Sur le socle sont gravés ces mots :


« Silvae ac in illa orantibus Maria benedicat ».
( Marie bénis cette forêt et tous ceux qui viennent y prier ).

Fin de l'article signé à Merten par : François WILHELM




      A la date de parution de cet article, François Wilhelm alors âgé de 82 ans voulait certainement clarifier l'histoire de l'érection de cette statue sans apporter de détails et sans mentionner la légende qui s'y rattache.

Cependant, certains s'interrogent afin de savoir qui fut la véritable personne qui eut l'idée d'élever cette imposante statue en ces lieux : les moines ou le garde forestier de Guerting ?

A ce titre, une légende bien sympathique se raconte depuis de nombreuses années. La voici à travers quelques lignes recueillies dans l'historique de la ville de Falk :


      « La légende veut qu'un garde forestier du secteur de Guerting, François Wilhelm, ait pris cette initiative suite à un voeu fait à Marie alors qu'il était perdu dans la forêt par temps de brouillard.

D'autres prétendent que la Vierge lui serait apparue ainsi que Saint Hubert et qu'elle aurait souhaité voir son image dans la forêt ».


Un garde forestier qui se perd dans sa forêt peut paraître risible !

Cependant, la forêt de la Houve est très vaste et, à cette époque, il n'y avait pas de route ni de grand chemin de circulation pour s'orienter.
De plus, le garde François WILHELM était à peine âgé de 35 ans et il venait juste de prendre ses fonctions l'année même où la statue de la Madone fut érigée.
Auparavant il était garde à Hestroff près de Boulay et la superficie de la forêt dont il avait la garde n'avait rien de comparable avec celle de la Houve.

Malgré tout, il faut avouer que notre garde forestier, qui vivait alors avec sa famille au 116 rue principale à Guerting (la maison forestière à été construit en 1883), parcourait tous les jours sa réserve à pied (les gardes n'avaient alors pas d'autres moyens de locomotion) et qu'il devait donc bien connaître cette partie du Langenberg !
De plus, l'apparition de la Vierge à Bernadette Soubirous, en 1858 à Lourdes, était probablement encore dans les esprits des croyants de l'époque et pouvait donc facilement les influencer.

      Mais ne détruisons pas cette belle légende et laissons à chacun sa part de croyance.

Ce qu'il faut retenir de tout cela, c'est que cette superbe statue de « la Madone du Langenberg » est vraiment impressionnante et je crois que l'on n'aurait pas pu choisir un autre emplacement que celui-ci pour inciter le passant à faire une petite prière là où des milliers de pèlerins se donnent rendez-vous depuis 1866.

      Pour finir notre histoire de « la Madone » et de son origine, nous avons le plaisir de vous présenter le garde François Wilhelm et sa famille à travers une photographie datant de l'année 1895 prise devant la maison forestière de Guerting qui fut construite en 1883.

François Wilhelm

Alors sous le régime des occupants prussiens, le garde forestier François WILHELM pose sur cette photographie en uniforme de chef garde.
Il naquit le 16.11.1831 à Saltzbronn annexe de Sarralbe et était le fils de Louis Wilhelm né en 1767 à Saltzbronn et de Elisabeth HERBETH de Saltzbronn également.
Il est décédé le 11.9.1905.

Assise près de lui, sa femme Suzanne FISCHER de Merten, née le 1.4.1834. Elle était la fille de André FISCHER et de Marguerite JAGER.

Sur la gauche de la photographie se trouve Marguerite, l'aînée des filles, née le 7.3.1863 à Hestroff. Célibataire, elle restera toute sa vie au service de son frère François en tant que gouvernante.

Au centre on reconnaît François, né le 14.9.1867 à Guerting et qui fut ordonné prêtre à Metz le 19.7.1896. Il décéda à Hargarten le 8.1.1955 et fut inhumé à Merten.

A droite se trouve la plus jeune des filles, Barbe, née le 18.12.1864 à Hestroff et décédée le 6.1.1924 à Merten.
Barbe avait épousé Joseph FOLSCHWEILLER, né le 20.12.1863 à Merten et décédé le 14.7.1950 dans son village natal.

REMERCIEMENTS

      Nous remercions les communes de Falck et de Guerting de nous avoir fait parvenir des extraits de l'historique concernant la Madone.

L'article du journal du 1er septembre 1949 du prêtre François Wilhelm se trouve au archives départementale de la Moselle à Metz dans la série 18 J 149.

L'histoire présente est une réalisation en collaboration de Mme Inge FRANCK et Mlle Murielle KLEIN.


      Si je me suis laissé emporter par la passion pour écrire cette histoire c'est que les membres de ma famille et moi-même, sommes les descendants du garde François Wilhelm et que l'histoire de la Madone de Falck fait partie de notre histoire familiale depuis des générations.

Octobre 2006            

François FOLSCHWEILLER.      



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