LES PRETRES ET LE BAPTEME

      La cure de Boustroff, où les prêtres avaient inscrit tous les actes de naissance, mariage et décès concernant les habitants de Guessling-Hemering entre 1700 et 1728, nous donne un aperçu intéressant de cette époque.
Durant cette période, 30 mariages et 236 naissances furent enregistrés, preuve que le village avait repris vie.
Les actes de naissance de l'époque commençaient tous par la même phrase :

« L'enfant né ce jour a été baptisé »

      Ainsi, à quelques exceptions près, le baptême correspondait au jour de la naissance ! En fait, la mort infantile était très courante et peu d'enfants restaient en vie au-delà d'une journée. Baptiser un enfant le jour de sa naissance permettait de parer à la croyance « qu'un enfant non baptisé ne pourrait pas monter au ciel et être enterré au cimetière ».

      Bien souvent, en l'absence du curé, les matrones, et plus tard les sages-femmes, baptisaient elles-mêmes et en cachette l'enfant non-viable ou mort-né, afin d'éviter la crainte que les parents avaient envers l'église et aussi soulager leur chagrin.


      Le baptême a souvent été cause de discussions au sein de l'église.
      Au début du 18ème siècle, une doctrine élaborée aux premiers temps de la réforme déniait toute valeur au baptême appliqué à de jeunes enfants et ne l'admettait que pour les adultes. On appelait ces gens des « Anabaptistes », c'est à dire « celui qui baptise à nouveau ». Ces hommes voulaient choisir eux-mêmes, en tant qu'adulte, la date et les modalités de leur baptême. Ils rejetaient la hiérarchie de l'église et l'autorité des institutions civiles dans le domaine religieux. Pour cela, ils furent accusés de sédition ( c'est à dire « désobéissance envers l'Etat et envers ceux qui détiennent l'autorité ») et d'hérésie puis persécutés et souvent martyrisés.

      Les prêtres virent dans cette pratique un danger pour l'église et son avenir. Ainsi, lors des visites canoniques de 1707, l'archiprêtre de Morhange fit un rapport à l'Evêché de Metz précisant que le comte d'Helmstatt de Morhange avait attiré, dans son château, 6 anabaptistes qui pouvaient causer désordre et scandale!
Le comte ne se laissa pas impressionner par les remontrances de l'archiprêtre...

      Nous avons, par la suite, découvert dans les documents de l'historien Nicolas Dorvaux que le seigneur de Morhange, le comte d'Helmstatt, était « Luthérien avec toute sa maison, hormis trois serviteurs qui étaient catholiques ».


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